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Emile Coué.. tous les jours…

Emile Coué.. tous les jours…

2018-10-23NancyPersonnalité4739Views5Comments
Emile Coué

Émile Coué de la Châtaigneraie, vous connaissez ? Comme tout le monde ?  En effet, nous faisons tous du Coué, comme M. Jourdain de la prose. J’ai voulu rendre hommage à ce grand homme car il est souvent sujet de dérision. Sa résidence, toute proche de chez moi,  au 192, rue Jeanne d’Arc à Nancy où il ouvrit sa « clinique libre » n’a guère changé aujourd’hui.

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Maison d’Émile Coué au rue Jeanne d’Arc à Nancy

Coué naît à Troyes le 26 février 1857. Élève doué, il devient pharmacien et s’installe à 25 ans dans cette ville. A l’époque, les remèdes étaient  composés par l’apothicaire. Très vite, Coué observa qu’une plaisanterie ou un commentaire personnel augmentait l’efficacité du médicament.

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Pharmacie Chominot qui fut sa pharmacie, à Troyes, jusqu’en 1910

Un jour, une femme se présente à son officine, demande un médicament qui ne se délivre que sur ordonnance. Le jeune pharmacien sensible à sa détresse, lui donne un petit flacon d’eau distillée en lui vantant l’efficacité tout en lui recommandant de ne pas dépasser la dose prescrite. Quelques jours après, elle revient ravie.. et guérie. L’effet placebo était découvert.

Ces premières années d’expérience lui font prendre conscience de l’efficacité de la suggestion et de l’action déterminante de l’imagination  dans le processus de guérison.

Coué croit à l’action des médicaments. Mais il pressent aussi que notre esprit est capable de prolonger et d’amplifier cette action. Ayant longuement mûri cette intuition, guidé par un sens très sûr de l’observation, il commence à développer les premiers principes sur lesquels il bâtira plus tard sa méthode. Progressivement il découvre ce que l’on nommera l’effet placebo. « Vous allez voir, ceci vous fera beaucoup de bien… Et ce n’est qu’un début ! » a-t-il coutume de dire.

Toute maladie  produit  ses effets sur la condition physique du patient, mais aussi sur son moral. En guidant l’imagination de manière positive, il est possible de faire pencher la balance du bon côté et par là même de déterminer la guérison. Ainsi lorsqu’un malade se persuade que la guérison va se produire, celle-ci se produira si elle est possible. Si elle ne l’est pas, il pourra néanmoins obtenir par la suggestion une amélioration optimale de son état .

Les rencontres d’Emile Coué

liebault-couéIl rencontra Auguste Liébeault, un médecin  qui jouissait d’une grande réputation de « guérisseur » – c’est ainsi qu’il se définissait lui- mêbernheim-portraitme- en 1886 . Leur rencontre fut déterminante. Il prend également connaissance des travaux du professeur Hippolyte Bernheim, dans lesquels il trouve la confirmation des principes qu’il pressent et expérimente. Ces deux personnalités représentent l’École de Nancy.

  L’hypnose et la suggestion

Souvent il la substitue aux médicaments, au grand bénéfice des patients. Cependant, il va peu à peu s’éloigner des méthodes de Liébeault, estimant que l’action de ses suggestions étaient d’autant plus efficaces que l’imagination n’était pas contrariée par la volonté.

Il conçut ainsi la loi de l’effort converti : « Chaque fois qu’il y a conflit entre l’imagination et la volonté, c’est toujours l’imagination qui l’emporte, et dans ce cas nous ne faisons pas ce que nous voulons, mais  nous faisons précisément le contraire de ce que nous voulons, et plus nous faisons d’efforts volontaires, plus nous faisons le contraire ce que nous voulons.»

Renonçant finalement à l’usage de l’hypnose qu’il considère incomplète car elle implique un tiers, Coué élabore une méthode qui fait appel à la suggestion lucide et d’idées positives. Cette méthode agit aussi bien sur le plan physique que sur le plan moral.

Coué condense sa méthode en une phrase-clef : « Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux. », à répéter 20 fois le matin et 20 fois le soir. En répétant cette formule de manière machinale, sans intervention de la volonté, il est ainsi possible de faire pénétrer mécaniquement dans l’inconscient, l’idée d’amélioration, de progrès. Et lorsque cette idée a fait son chemin dans les profondeurs de l’inconscient, elle devient agissante.

En 1910, il quitte son officine de Troyes pour s’établir à Nancy, où il fonde une « clinique libre » dans sa résidence de la rue Jeanne d’Arc ; il reçoit gracieusement, dans un désintéressement absolu, les malades qui viennent le consulter, lors de séances individuelles ou collectives qui ont lieu dans son bureau, ou à la belle saison dans son jardin, et des guérisons souvent spectaculaires se produisent en grand nombre. Dès lors, il s’impose comme un psychologue et un thérapeute d’exception. On vient bientôt à lui de tous les rangs de la société et il reçoit chacun avec la même bienveillance. Il transmet à tous, l’art de bien employer cet outil extrêmement efficace qu’est l’autosuggestion lorsqu’elle est bien menée.

En 1913, la rencontre avec Charles Baudoin :  un autre tournant dans sa vie

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Ce jeune philosophe et psychologue lui assura une popularité bien au-delà des frontières de la Lorraine ; sa thèse de doctorat « Suggestion et auto-suggestion », soutenue en 1920 est traduite immédiatement en anglais : ce qui rendit Coué célèbre aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Et c’est certainement à partir de cette popularité que les aberrations et les déviances apparurent. Coué se référait seulement à l’imagination, et à rien d’autre, et ne voyait pas comment ses idées étaient perverties. Baudoin, plus lucide, le mettait en garde : « Depuis la grande vogue suscitée autour de mon nom, l’an dernier, par la traduction anglaise de mon livre, il est devenu la proie tapageuse des impresarii et des exploiteurs, l’objet d’une réclame tapageuse qui, toute contraire à sa nature droite et simple, ne saurait que nuire à l’efficacité de son action et donne par surcroît de cet honnête homme l’idée la plus fausse.

 Coué fait de nombreuses conférences dans les milieux de la théosophie, des évangélistes et ne se rend pas compte des confusions qui s’opèrent. Lors de ses conférences qui réunissent jusqu’à 2 000 personnes, il délivre toujours le même message universel : « Tous les jours à tous points  de vue je vais de mieux en mieux » à répéter 20 fois matin et soir. Le retentissement est immense et pourtant il dit :  « Ne voyez pas en moi un guérisseur. Un guérisseur, ça n’existe pas. J’apprends simplement aux gens à se guérir par auto-suggestion de presque toutes les maladies. »

Emile Coué n’est pas prophète en son pays

Les plus hautes autorités médicales londoniennes se pressent auprès de lui, la cour de Belgique n’est pas en reste, il enseigne sa doctrine dans le monde entier .
émile-coué-la-maîtrise-de-soi-mêmeEn 1922, il publie La Maîtrise de soi-même par l’autosuggestion consciente qui fit sensation surtout en Angleterre  et aux États-Unis, où il reçut un accueil public triomphal –  nul n’est prophète en son pays…

En 1923, l’Amérique l’attend et le reçoit triomphalement et il donne 80 séances publiques de guérison. Un institut se crée avec les bénéfices des conférences : le succès est énorme. Si bien qu’il est à nouveau invité en 1924 et fait le tour des Etats-Unis pour une autre série de démonstrations. Dès lors, Coué enchaîne les conférences dans presque tous les pays d’Europe, où il est reçu avec honneur et respect par les instances politiques et médicales. De nouveaux instituts se fondent,  plus souvent tenus  par des médecins.

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Buste de Emile COUE au parc Ste Marie à NANCY

Mais les jalousies tellement éloignées de Coué, commencèrent à alimenter une controverse pour le déprécier, bien qu’il n’avait jamais encouragé les gens à s’éloigner de la médecine.
Infatigable, Coué voyage et enseigne, alternant conférences et ses consultations à Nancy.

Épuisé par ses voyages, et aussi par les trahisons qui jalonnèrent la fin de sa vie, une pneumonie l’emporta le 2 juillet 1926,à Nancy,  à l’âge 70 ans. Un grand homme s’éteignait. Son héritage fut bafoué, moqué.

Sa maxime « C’est vous qui faites tout ! » ne doit pas nous faire négliger la portée de cet autre aphorisme : « Nous sommes, tous, ce que nos pensées nous font. »

Et même Bouddha le dit : « Nous sommes ce que nous pensons, avec nos pensées, nous créons le monde »
Photographie de la maison Coué rue Jeanne d’Arc de 1920 –   Coué réhabilité: tous les jours de mieux en mieux par René Centassi,  Gilbert Grellet

SOURCES:  Docteur BELLET Patrick   link  lien intéressant avec un CD à écouter        link «De la suggestion et de ses applications Emile Coué, »  Editions Barbier, Nancy, 1913. «La Maîtrise de soi-même par l’auto-suggestion consciente »Emile Coué, Editions Oliven, Paris, 1913.- «Hypnose et suggestion : De Liébault à Coué,» André Cuvelier, Presses universitaires de Nancy, Nancy, 1987  «Suggestion et auto-suggestion, » Charles Baudoin, Delachaux & Niestlé, Neuchâtel, 1920.                     

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PLK

PLK

Apprentie-sage, à la fois frivole et mystique, lègère et spirituelle , gourmande et orthorexique, férue de nutrition, en recherche de sagesse

4 Comments

  1. Merci de ton hommage.
    Cela montre que lorsqu’une certitude nous habite et bien la capacité de soulever les montagnes vient avec.Son procédé est une véritable révolution notamment pour l’industrie pharmaceutique,mais
    aussi pour l’humain.
    Si chaque humain mettait en pratique sa méthode,cela conduirai a la confiance en nous-même,et surtout nous serions capable de nous regarder les uns les autres comme l’édifice indispensable a
    construire notre société,sans cette espèce de compétition perpétuel et surtout ce jugement constant.Une chance que ce n’est pas payant le rêve!
    s

    1. salut ma Sophie ! oui tu as raison, si nous étions chacun NOUS -MÊME, et bien, nous serions une société sans problème, sans problème d’ego surtout! c’est lui le
      coupable! sue à l’ego! et chacun aurait confiance en ses capacités à être heureux! car qu’on se le dise, nous sommes sur terre pour être heureux! mais nous sommes expert à nous créer notre propre malheur! j’étais allée, il y a quelques années!- à un congrès sur l’hypnose,avec des anesthésistes, des Sages-femmes et des psychiatres, psychologues – pas tristes d’ailleurs les psy!!- et un avait conseillé le livre de Paul WATZLAWICK » faites vous -même votre malheur » !: « Vivre en conflit avec le monde et, en particulier, avec les autres hommes, voilà qui est à la portée du premier venu, mais sécréter le malheur tout seul, dans l’intimité de son for intérieur, c’est une autre paire de manches. On peut toujours reprocher son manque d’amour à un partenaire, attribuer les pires intentions à un patron ou mettre sa propre mauvaise humeur sur le compte du temps qu’il fait – mais comment s’y prendre pour faire de soi-même son pire ennemi ? » c’est un livre plein d’humour est une parodie des livres de conseils pratiques.. mais très justes, à prendre au second degré!

  2. Je connaissais grosso-modo son oeuvre et j’ai déjà photographié son buste, mais sa notoriété n’est certainement pas au niveau de ses mérites , et l’adage  » nul n’est prophète en son pays  » lui va comme un gant !! je serais assez pour débaptiser la place Thiers – sinistre fossoyeur de la Commune- et la rebaptiser place Emile Coué !

    1. Bonjour Tyaz, ah! quelle belle idée ce changement de nom de la place Thiers ! je suis complètement d’accord. Si quelqu’un me demande mon avis, j’opinerai avec enthousiasme. Belle journée

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