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Retour sur la vache à hublot

Retour sur la vache à hublot

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Une vache-hublot ! Mais qui a eu cette idée folle d’imaginer la vache à hublot ? De quel cerveau étrange a jailli cette vision ? Au nom de la science, des hommes ont eu cette inspiration, de pratiquer une ouverture dans l’estomac des vaches, avec un hublot de 10 à 15 cm dans lequel ils introduisent une sonde et qui s’ouvre comme celui de votre machine à laver.  Nous sommes en droit de nous demander jusqu’où ira la folie des hommes ! D’autant que INRA propose une alternative bien plus éthique !

Qu’est-ce qu’une vache à hublot ?

Une vache à hublot ou vache fistulée est une vache équipée d’une canule destinée à favoriser les observations, les prélèvements et les expérimentations animales sur le fonctionnement du rumen ou panse du bovin. Une technique élaborée au  milieu du XIXe siècle, et en vogue depuis trente ans.

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Dans les fermes expérimentales, ce hublot permet de passer le bras profondément dans l’animal afin de prélever des échantillons du bol alimentaire pour contrôler le taux de bactéries et ainsi prévenir les infections ou déceler des maladies digestives.

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J’ai appris  en CE2 avec Monsieur Broggi, mon cher instituteur – je vous parle d’un temps où ce n’était pas des professeurs des écoles –  que la vache est un ruminant qui possède quatre estomacs : trois pré-estomacs pansebonnet, feuillet et la caillette qui est l’estomac proprement dit. Afin de suivre sa digestion et de voir la fermentation des végétaux qu’elle ingère, on ouvre son estomac.

J’ai déjà vu des vaches fistulées à la ferme de la Bouzule, propriété de l’ENSAIA, à quelques encablures de Nancy, vraie ferme vivant de ses productions, notamment  laitière et fromagère. Elle est un outil pédagogique pour les étudiants ingénieurs de l’INSAIA. Le domaine expérimental de la Bouzule est un site de l’Education Nationale. Les scientifiques, qui n’ont rien de sadiques, lorsque nous sommes émus de voir cela, semblent étonnés et vous affirment sans sourcilier que la vache équipée d’un hublot sert à la recherche, et ainsi améliore la qualité de vie de ses sœurs dans les étables.

Réduire la production de méthane chez les ruminants

C’est un des objectifs de ces hublots. Le bétail et ses émissions de méthane sont pointés du doigt comme étant un des cause du réchauffement de la planète.

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Le méthane entérique est responsable de 50 % des émissions de gaz à effet de serre en élevage. (© Jean Baptiste Dollé – Institut de l’Elevage)

Les vaches mangent de l’herbe, ruminent. Cette fermentation naturelle produit du méthane. Le méthane est un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le CO2. Les détracteurs font leurs choux gras des flatulences des bovins. En fait, ce sont les rots et exhalations qui représentent 95% des émissions de méthane des ruminants et non les pets. Rapportées à toutes les sources de méthane, cela représente 20% de émissions, le reste est  lié aux activités humaines.

  » Bleu-Blanc-Cœur «  , une association d’éleveurs qui s’engage à nourrir leurs bêtes avec des aliments riches en Oméga 3 pour garantir une meilleure qualité de leurs produits, à base de luzerne ou de graines de lin. Cette alimentation permettrait de réduire de 15% les émissions de méthane. Alors qu’est qu’on attend pour la généraliser ?

Pratiques inacceptables pour les uns, techniques scientifiques pour d’autres

L’animal souffre-t-il ? Là est la question ! Selon les chercheurs, l’animal ne souffre pas. Il est opéré par des professionnels, et chaque acte d’opération doit obtenir l’aval d’un comité d’éthique. Les vaches porteuses de canules voit leur longévité s’accroître par rapport à celle des animaux d’élevage du même troupeau.

L’INRA nous apprend qu’il y a une alternative à la vache à hublot : La modélisation mathématique et l’utilisation de panses artificielles ont donné de très bons résultats.

A suivre.

Cette chronique n’est ni à charge ni à décharge, c’est à chacun de se faire sa propre opinion.
Sources : bulletin de l’Académie vétérinaire de France
Article de juin 2016, remis à jour le 20 juin 2019

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PLK

PLK

Apprentie-sage, à la fois frivole et mystique, lègère et spirituelle , gourmande et orthorexique, férue de nutrition, en recherche de sagesse

2 Comments

  1. J’apprend toujours plein de choses sur ton blog…Je ne connaissais pas l’existence des vaches-hublots et je suis effrayée de penser à tout ce que la recherche entraîne comme souffrance chez les animaux qui pourrait être évitées. Car en fait, les vaches sont élevées depuis des années et mangent naturellement de l’herbe dans les prés (où la biodiversité est préservée et où la luzerne justement pousse à l’état naturel) et du foin (herbe sèche) et des céréales à l’étable, surtout en hiver. C’est parce que les hommes veulent toujours plus de production que l’alimentation des animaux d’élevage a été modifiée entraînant davantage de fermentations…Il y a de plus en plus d’élevage où les vaches ne sortent même plus et où l’alimentation n’a plus rien de naturel. Après il faut supplémenter leurs nourritures, expérimenter pour analyser les causes et les conséquences des dérèglements observés…
    Merci pour tes articles toujours érudits et enrichissants.

    1. Merci beaucoup Manou. Je suis complètement d’accord avec toi : Au titre du rendement et souvent au détriment de la qualité, les vaches comme beaucoup d’animaux (porcs) ne sont plus nourris comme il le faudrait, sont parqués… Et pourtant,Le Parlement a adopté définitivement le projet de loi modernisant enfin le statut juridique de l’animal en reconnaissant sa nature d’être vivant et sensible.

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