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« Je suis heureux pour vous »

« Je suis heureux pour vous »

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« Je suis heureux pour vous »… Une petite phrase toute simple et si chargée de sens !  J’ai  remarqué que lors d’un événement heureux, certaines personnes n’arrivent pas à être positives pour les autres. Dire  « Je suis heureux pour vous »  est un vrai cadeau pour soi et les autres lorsque cela est dit avec sincérité. Exprimons-nous de la jalousie en dénigrant ou minimisant le bonheur de l’autre ? Noa a toujours de très bonnes notes ? « Un intello coincé. » Charlie  est doué pour tous les sports ? « Des muscles sans cervelle. » Alma décroche un excellent job ? « Elle a vendu son âme au diable. »  Zélie a une promotion « Elle couche ..»…  Et en regardant bien, cela arrive à tout le monde de réagir ainsi. C’est vrai que cela semble inavouable ! Être verte de jalousie, ce n’est pas classieux !  Réagir ainsi n’est pas non plus être un monstre, ni que vous souhaitez le malheur des autres, restons sérieux. Quoique qu’il en soit, je me demande pourquoi parfois, nous réagissons de cette manière ? Cela fait-il écho à une frustration, une envie dissimulée, une jalousie malsaine ? Pourtant le bonheur des autres n’empiète pas du tout sur le nôtre !

« La comparaison est une voleuse de joie.» Théodore Roosevelt

Des recherches scientifiques ont montré que nous réagissions aux bonnes nouvelles d’autrui de différentes manières : Soit par une réaction enthousiaste, soit par une attitude plutôt neutre, soit en l’ignorant totalement, ou encore dans certains cas, en devenant « carrément cassants». Évidemment les trois dernières ont des effets négatifs sur les relations et même sur la vie du sujet puisqu’elle le rend amer..

Différence entre envie et jalousie  

 Le Petit Robert et d’autres  dictionnaires,  présentent la jalousie et l’envie comme des synonymes. Il n’en est rien.

« L’envieux voudrait posséder ce qu’il n’a pas et qu’un autre possède; le jaloux veut posséder seul ce qu’il croit être à lui. L’un souffre du manque, l’autre du partage.» – André Comte-Sponville

L’étymologie même du mot  du XVsiècle nous vient  du provencal gelosia, extension du sens de « jalousie » au sens premier, et du français, dérivé de geloso (« jaloux ») pour désigner un treillis destiné à dissimuler les femmes aux regards. Cette émotion est liée à un besoin non satisfait, une anxiété, une peur. Elle est observée chez le bébé dès cinq mois. Saint Augustin décrit dans ses Confessions le regard haineux du jeune enfant sur son petit frère blotti contre sa mère à l’heure de la tétée. Il a des idées de meurtre… Il n’a plus l’âge de téter au sein, son cadet ne lui vole rien  mais voila : nous voulons souvent ce que l’autre a. Pour Mélanie Klein, l’envie relève de cette phase orale. (3)

La jalousie est polysémique et  a trois valeurs : la convoitise du bien d’autrui (Je suis jaloux de la réussite de X), la crainte de perdre l’exclusivité de la personne aimée (Je suis jaloux de ma femme) et la crainte de perdre un objet qui a de la valeur. (1) Il y a la jalousie amoureuse qui peut aller jusqu’à la jalousie maladive voire pathologique.
La jalousie est basée sur une bizarre équation qui ferait que si l’autre a, je n’aurai pas. Un peu comme si notre état d’esprit était piloté par une idée de manque, de compétition qui ferait que je ne pourrais pas avoir ce que l’autre a. Sur ce pied-là, nous sommes dans une base de pensée de manque et tout nous manquera, immanquablement

L’envie et jalousie sont toutes deux des « passions tristes », selon l’expression de Spinoza car elles affaiblissent l’individu

La jalousie s’installe dans une relation triangulaire : le jaloux, l’objet de sa jalousie et le jalousé, tandis que l’envie n’en implique que deux. La personne envieuse n’a pas peur de perdre, elle veut juste ce que l’autre a.

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Flirt et jalousie. Haynes KIng. 1874. Victoria and Albert Museum. Londres

L’envie – un des sept péchés capitaux tout de même !- est probablement le sentiment négatif le plus partagé. Je n’évoque ici que cette petite pointe d’envie qui nous titille  souvent pour de tout petit rien ( Les cheveux de notre meilleure ennemie qui brillent, la nouvelle voiture de votre collègue qui va encore se pavaner, d’un bon mot qui fait rire tout le monde, une invitation pour Antoine et pas vous …). Même Sophia Loren est envieuse …

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Photo de 1957 de Sophia Loren et Jayne Mansfield

Vous enviez votre copain de classe qui roule sur l’or tandis que vous tirez le diable par la queue ? Vous ne savez pas ce qu’il vit ! Peut être rêve-t-il de découvrir l’âme-sœur qu’il n’a pas même s’il jure qu’il n’en a pas besoin, être artiste ou chanteur ? Nous ne savons pas toujours ce que les autres vivent dans leur Ford fort intérieur.

La jalousie enracinée dans l’estime de soi ?

Est-ce que c’est une faible estime de soi qui nous empêche de nous réjouir pour et avec les autres ? Probablement. Il existe deux sortes de personnes : celles à haute estime de soi capables de donner leurs qualités, tandis que les autres, ne le peuvent pas ou les minimisent. Sommes-nous sans cesse dérangé par la petite voix intérieure qui susurre insidieusement : « Si tu n’es pas le meilleur, tu n’es rien » ?

L’estime de soi dépend de plusieurs facteurs  : a-t-on eu des parents qui nous valorisaient ? Vous montraient-ils toujours en exemple votre cousine Cécile qui avait réussi son concours de Normale Sup ? Face à nos échecs leurs réactions étaient-elles encourageantes ou au contraire dévalorisantes ? Et comment se comportaient- ils eux  : est ce qu’ils s’occupaient beaucoup du regard des autres ? Tous ces éléments alimentent un narcissisme inversé : je me tourne vers moi mais pour me dénigrer.

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Les personnes à faible estime de soi ont en permanence une sorte « d’infusion »  comme dit Christophe André qui tourne en permanence « Tu n’y arriveras pas «  «  Tu as encore été idiot », «  Laisse tomber » «  Faut mieux te taire la prochaine fois »… Cela vous parle toutes ces paroles négatives distillées à bas bruit, sans même parfois que l’on s’en rende compte, comme une sorte de programme de fond ?  Vous imaginez bien qu’il finit pas vous marquer ! Lors d’une soirée, vous entendez votre radio intérieure vous dire que les autres sont plus intelligents, qu’à contrario vous êtes bien sot..  Alors, naît l’envie d’être comme eux.. plus ceci ou plus cela !

 Comment être heureux pour les autres ?

Comment sortir de cette spirale? Comment fêter la vie en étant content pour et avec les autres ? Comment arrêter d’être envieux ?

Prenons l’exemple précédent de Christophe André :  Et alors ? C’est peut être vrai que les autres invités de cette soirée sont plus intelligents ! Et pourquoi ne pas se réjouir ? Et en profiter ? Le problème avec le manque d’estime de soi est que je m’enfonce au lieu de me réjouir ! Parce que ce qu’ils sont n’est peut être pas tombé du ciel ! Ils ont osé, fait quelque chose qui a fonctionné. Alors, au lieu de se lamenter, trouver quelque chose à construire à partir de cette envie est un bon programme. Pourquoi d’ailleurs ne pas demander à celui que l’on envie ?

« Toi qui regardes mon succès, regarde aussi mes échecs ».

C’est l’ego qui nous amène à comparer, à juger, à être jaloux et surtout à se sentir victime. Lorsqu’une personne se lamente de ne pas encore avoir réussi, je lui cite l’exemple de Michael Jordan qui n’est pas né avec ce talent de mettre un panier à tous les coups .. non, il a souvent échoué avant de réussir à tous les coups.  Il a du travailler, essayer encore et encore.. Il a pris son courage à deux mains et s’est entraîné très fort. Il conseille aussi à se choisir un bon mentor afin d’y puiser ses compétences. (4)

  • Dissocier le bonheur des autres et le sien : le bonheur des uns n’empiète pas sur le vôtre. Il n’existe pas un pot bonheur à se partager qui ferait que si Untel a une grosse part il ne me restera que des miettes.
  • Apprendre à transformer ce sentiment négatif en un tremplin constructif : si je souhaite la même chose, et bien je me retrousse les manches !
  • Améliorer son estime de soi : un travail de longue haleine.
  • Pratiquer la gratitude de ce que nous avons déja. Je n’ai peut être pas ce que l’autre a, mais j’ai surement des chose que l’autre n’a pas.

« Si vous n’êtes pas heureux avec tout ce que vous avez, vous ne le serez pas non plus avec tout ce qui vous manque.» Erich Fromm-

Stoppons net notre folie comparative ! Soyons heureux parce que lorsqu’ on se réjouit du bonheur des autres, on se fait du bien !

Sources :  « Imparfaits, Libres et heureux  » de Christophe André 1 – Jalousie et envie : l’affectivité tout en nuances Arkadiusz Koselak (3) Mélanie Klein : Envie et gratitude de 1957 (4) la règle des quatre C de Michael Jordan

 

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Apprentie-sage, à la fois frivole et mystique, lègère et spirituelle , gourmande et orthorexique, férue de nutrition, en recherche de sagesse

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