Une plongée dans l’Histoire au travers de la petite histoire.
Ce n’est pas vraiment un roman au vu du nombre de références en fin du livre qui témoignent d’un important travail d’enquête.

De 1938 à 1945, l’hôtel Lutetia – l’unique palace de la rive gauche – partage le destin de la France. Entre ses murs se succèderont exilés, écrivains et artistes, puis officiers nazis et trafiquants du marché noir, pour laisser place à la cohorte des déportés de retour des camps.
Edouard Kiefer, alsacien, personnage central et narrateur est le détective privé de l’hôtel, un ancien policier des RG.
Plusieurs parties :
• 𝗟𝗲 𝗺𝗼𝗻𝗱𝗲 𝗱’𝗮𝘃𝗮𝗻𝘁 – première partie – concerne la période avant 1939 insouciante et présente les portraits des clients de l’hôtel, de James Joyce, Willy Brand Cohen, Martin du Gard, Gide, Saint Ex, Heinrich Mann… et même le Général de Gaulle. J’ai aimé connaitre mieux James Joyce, et la vie interne de ce palace.
• 𝗣𝗲𝗻𝗱𝗮𝗻𝘁 𝗰𝗲 𝘁𝗲𝗺𝗽𝘀 – seconde partie- pas vraiment de changement de décor, mais changement de clientèle ! L’hôtel est réquisitionné par l’Abwehr (les services secrets allemands) et Edouard Kiefer qui n’a plus l’âge de partir au front, se retrouve au service des Allemands à son corps défendant. Jusqu’où peut-il aller dans sa collaboration ? Réagir ou non contre l’’envahisseur ? Quelles différences entre compromission, acceptation, adaptation et tolérance ?
• 𝗟𝗮 𝘃𝗶𝗲 𝗱’𝗮𝗽𝗿è𝘀 – les pages les plus poignantes – raconte Lutetia centre d’accueil des déportés de retour des camps… Ses murs qui se recouvrent de photographies de disparus… retrouvailles, attentes éprouvantes et douloureuses, espoir chevillé au corps, désespoir ..Des témoignages très forts.
J’ai été émue par l’histoire d’amour en filigrane, toute empreinte de noblesse et de respect, entre l’impassible et très attachant Edouard Kiefer, et N***, son amie d’enfance.
De nombreuses anecdotes, parfois drôles, surprenantes, étonnantes, horribles, tragiques, tristes..J’ai souhaité que parfois elles ne soient que fiction.
Beaucoup de portraits inoubliables, une langue impeccable comme sait l’écrire Pierre Assouline..
Une lecture riche, émouvante, remplie d’humanité, sans pathos. Je recommande.
Lutetia de Pierre Assouline
480 p – 2006 – Gallimard






























