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Lire modifie notre cerveau et notre vie

Lire modifie notre cerveau et notre vie

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Jules Renard, auteur que j’affectionne,  pensait que « Chacune de nos lectures laisse une graine qui germe». Nous avons tous un ou plusieurs livres dont la lecture ne nous a pas laissé indemne. Des écrivains ont même dit que l’on reconnaissait un bon livre, au seul fait qu’il ait changé notre vie. Joyce Carol Oates avait désigné Alice au Pays des Merveilles comme « le livre qui a le plus influencé sa vie imaginative ». De la même façon, les contes, les histoires philosophiques parfois à notre insu peuvent nous changer et faire évoluer. Et cela est confirmé par la science.

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Lire a un effet sur notre cerveau

« Les histoires façonnent nos vies et, dans certains cas, aident à définir qui nous sommes. Nous avons voulu comprendre comment ces récits pénètrent dans notre cerveau, et ce qu’ils lui font » explique le neuroscientifique américain Gregory Berns. Avec ses collègues de l’Université d’Atlanta, il a demandé à des volontaires de lire le roman  Pompéi du journaliste Robert Harris, publié en 2003.

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J’ai un souvenir agréable de ce livre historique  les 4 derniers jours de Pompéi, qui fait vivre au lecteur,  quasiment heure par heure, des signes précurseurs à l’éruption du Vésuve, en 79 après J.C. Ayant marché dans Pompéi, gravi le chemin qui mène au sommet du Vésuve, ce livre s’était invité dans mon périple, Attilius, Corelia à mes côtés. Par bonheur, je n’ai pas retrouvé les personnages odieux et corrompus.  

Je vous résume : Attilius, jeune ingénieur fraîchement nommé pour entretenir l’Aqua Augusta, gigantesque aqueduc qui alimente toute la baie de Naples, est très inquiet à plus d’un titre : de tenaces odeurs de souffre, l’assèchement de l’Augusta, la disparition de son prédécesseur Exomnius, l’empoisonnement de bans de poissons, les difficultés à manager ses équipes.  Il cherche des réponses et les trouve. A l’instant où Attilius s’apprête à dévoiler la corruption qui éclaboussera tous les notables, surviennent les premiers prémisses  de l’éruption du Vésuve. Il se retrouve face à un terrible dilemme : quitter la ville pour sauver sa vie ou sauver Corelia, la ravissante fille d’Ampliatus dont il est amoureux, et ce avant que Pompéi ne soit anéantie par le Vésuve en furie.

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Revenons à la méthodologie de notre étude parue dans la revue Brain Connectivity en décembre 2013.  Vingt-et-un lecteurs volontaires ont subi une IRMf cinq matins de suite, puis consigne leur était donnée de lire une vingtaine de pages sélectionnées pour leur trame narrative forte, les neuf soirées suivantes. A la suite des soirées lectures, ces lecteurs étaient soumis à une imagerie, appelée connectivité fonctionnelle consistant à observer les connexions internes que le cerveau renforce au cours de cette période, chaque lendemain matin. Puis ils se présentèrent pour une IRMf cinq matin suivant sans avoir lu la veille.

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Di-Li Feng, artiste contemporain chinois né en 1958.

Lire modifie certaines zones de notre cerveau

 Cette expérience met en évidence que lire crée des connexions dans les aires du langage situées dans la région du cortex temporal gauche, qui persistent plusieurs jours après la séance de lecture.

« Même si les participants ne lisaient pas vraiment le roman pendant qu’ils passaient l’examen, ils conservaient cette connectivité élevée, » souligne le Dr Berns. « C’est ce qu’on appelle une « activité fantôme », presque comme un muscle de la mémoire. »

Cette étude confirme aussi que « se mettre dans la peau d’un personnage » est  bien réel. « Nous savions déjà que les bonnes histoires peuvent vous mettre dans la peau de quelqu’un d’autre au sens figuré. A présent, nous voyons qu’autre chose a lieu au niveau biologique, » s’ajoute le Dr Berns.

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La lecture de fictions littéraires renforce aussi les sensations tactiles et les « simulations motrices internes » de notre cerveau. Les chercheurs ont observé  une connectivité accrue dans le sillon central du cerveau, le gyrus temporal supérieur et l’insula qui assurent les commandes motrices et sensorielles. Cela veut dire que le cerveau interprète physiquement les actions du personnage et  notre chimie interne est à l’unisson de ce que ressentent les héros. Pour le dire plus simplement, lorsque le personnage a peur, les neurones qui gèrent cette émotion sont activés, de la même façon que s’il court, ceux qui gèrent cette action le seront. J’y vois une belle analogie avec les visualisations qui peuvent nous faire vivre dans tous les sens du termes ce que nous visualisons. Nous sommes donc ce que nous lisons. Choisissons bien nos livres. 

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Une étude récente a démontré que dévorer de grands romans stimule l’intelligence émotionnelle, l’empathie.(1) Lire rend donc plus humain, plus sociable. 

Mes frères et mes sœurs, lisons.

(1) La fiction littéraire développe l’empathie et l’intelligence émotionnelle

 SOURCES Short- and Long-Term Effects of a Novel on Connectivity in the Brain Berns Gregory S., Blaine Kristina, Prietula Michael J., and Pye Brandon E.. Brain Connectivity. 2013 – Pourquoi un bon roman change votre cerveau de Sébastien Bohler Cerveau&Psycho – 

Iconographies :  Compartment Car, Edward Hopper- women in paris with their dogs and high heels – Sharon Santoni – Inconnu –  Di-Li Feng, artiste contemporain chinois né en 1958.-

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Apprentie-sage, à la fois frivole et mystique, lègère et spirituelle , gourmande et orthorexique, férue de nutrition, en recherche de sagesse

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