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Les enfants peuvent bien attendre

Les enfants peuvent bien attendre

2016-01-16CauseDesEnfantsNancy2377Views2Comments
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C’est le titre d’un ouvrage collectif publié les 13 et 14 janvier 2016, à l’occasion de l’audition de la France devant l’Organisation des Nations-Unies (ONU). 25 regards d’experts sur la situation des droits de l’enfant en France. Tous parviennent à un constat critique : reconnaître des droits ne suffit pas.  Un pavé de 184 pages qui pointe tous les manquements de la France.  Les droits de l’enfant ne sont pas suffisamment respectés en France à l’heure actuelle. Cette précision est terrifiante.

« La France doit être plus efficiente et faire de l’équité envers tous une nouvelle ambition, pour respecter pleinement ses engagements internationaux et que les droits de l’enfant deviennent réellement effectifs pour chaque enfant. Partout, tout le temps. Unissons-nous pour les enfants, plus que jamais ! » Jean-Marie DRU, Président de UNICEF France

Aujourd’hui, plus de trois millions d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté. Cela représente près d’un enfant sur cinq. « Un argent colossal est mis au service d’actions qui ne sont pas suffisamment efficaces » reconnait la sénatrice Nathalie Serruques. Chaque année, 140 000 jeunes décrochent du système scolaire, chaque année, sans qualification.

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Conclusion du docteur Salmona, expert

Il est urgent que la France respecte l’intégralité des droits des enfants et qu’elle mette en place un plan global de lutte contre toutes les formes de violences envers les enfants, avec des mesures qui ont fait leurs preuves : recueil de données, lois adaptées dont on surveille l’application, campagnes d’information, accompagnement des parents, formation de tous les professionnels concernés et prise en charge de qualité la plus précoce possible des enfants victimes de violences, avec la création de 171 centres de soins spécifiques. Sortir du déni, protéger les enfants de toute forme de violence et soigner les enfants victimes de violences est une urgence humanitaire, sociale et de santé publique.

 Muriel Salmona (2) est une des 25 experts qui ont rédigé cet ouvrage critique, elle est  psychiatre et psychotraumatologue. Elle affirme que  la protection des enfants est quasi-inexistante, que cela soit au niveau des violences mais aussi de la pauvreté, du droit des enfants et mineurs étrangers, de la santé…  83% des enfants victimes des violences sexuelles ne sont ni reconnues ni protégées. En 2015, 18% des filles et 7,5% des garçons ont subi des violences sexuelles. Seulement 4% des victimes ont pu trouver de l’aide grâce à l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Une hypothèse face à ce triste constat ? En France, nous campons sur le fait que ce qui se passe à l’intérieur de la famille est du domaine privé, or 94% des violences sexuelles sont infligées par un proche de l’enfant, dont la moitié à l’intérieur de la famille.

Dans une ancienne chronique Du côté des enfants, je rappelais le travail d’Alice Miller sur les conséquences des violences subies dans l’enfance. Un enfant violent est potentiellement un futur parent violent. Tous les experts sont d’accord sur cela, sauf s’il a la chance de rencontrer un  « témoin secourable » qui lui apprendra ce qu’est l’amour, le respect. Il leur faut admettre qu’ils n’ont pas mérité les punitions et qu’ils n’étaient pas battus « par amour ». Le rapport confirme le travail d’Alice Miller :   » La mémoire émotionnelle reste bloquée et non-intégrée dans l’amygdale cérébrale, elle devient une machine à remonter le temps infernale qui fera revivre à l’enfant l’événement traumatisant à l’identique, comme s’il se reproduisait à nouveau, lorsqu’une situation les lui rappellera. » 

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La France n’a toujours pas renoncé au « droit de correction » parental sur les enfants, contrairement à 46 pays dans le monde – dont 28 en Europe – qui ont déjà légiféré. Ce « droit de correction » n’a pas de sens. J’avais évoqué ce lien entre enfant maltraité et tyran dans Est- ce l’enfance qui fait le grand tyran ? .

Si la France ne renonce pas à ce droit de correction, c’est pourtant en connaissance de cause : aucune des 200 études scientifiques recensées sur ce sujet depuis plus de 20 ans ne démontre l’effet positif de la correction corporelle, au contraire elles reconnaissent un lien entre violence, agressivité et comportements anti-sociaux chez ces enfants et adolescents, elles ont prouvés que ces châtiments ont des conséquences traumatiques à long terme sur la santé mentale et physique des enfants ( 2 à 7 % des troubles psychiatriques dans la population générale leurs sont attribués).  Et il a été démontré que la réduction des punitions corporelles est rapidement suivie d’une diminution de l’agressivité, de l’anxiété et des comportements antisociaux chez les enfants, et qu’une interdiction par la loi des violences éducatives et des campagnes d’information et de soutien à la parentalité, permettent de diminuer leur nombre de façon très significative. Qu’attends on pour légiférer ? Lisez l’allocution de madame  Muriel Salmona LE RESPECT DES DROITS DES ENFANTS À ÊTRE PROTÉGÉS DE TOUTE FORME DE VIOLENCE, ET À RECEVOIR TOUS LES SOINS NÉCESSAIRES QUAND ILS EN SONT VICTIMES, DEVRAIT ÊTRE UN IMPÉRATIF ABSOLU POUR LES POUVOIRS PUBLICS FRANÇAIS p 157 et vous ne penserez plus – si jamais vous l’aviez pensé – qu’une fessée est anodine, ni que taper, gifler, pincer, humilier sous couvert d’éducation et de droit de correction soit tolérable.  Le « Qui aime bien, châtie bien  » n’est pas acceptable.

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Nancy, ma ville, et ses actions pour les enfants

Je suis fière d’être nancéienne. Deux des experts sont de notre ville.

Elisabeth LAITHIER (3) compte parmi les 25 experts. Elle est Maire Adjointe à la politique familiale et à la petite enfance à la Mairie de Nancy, depuis 25 ans comme elle aime à le rappeler. Elle note dans  ÉLUS ET DROITS DE L’ENFANT : QUELLES RÉALITÉS AU QUOTIDIEN  que le Maire et ses adjoints sont les interlocuteurs privilégiés des familles, et que les décisions qu’ils prennent ont un impact direct sur elles. Le 18 mars 2003, la Ville de Nancy  signait la charte « Ville Amie des Enfants » et elle pose la question : 12 ans après la signature de la charte « Ville Amie des Enfants », où en sommes-nous ?

  • Le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) et la Délégation de l’Éducation organisent de nombreuses actions qui visent au renforcement de la parentalité grâce aux  Lieux d’Accueil Enfants-Parents, des espaces de jeux constituant des endroits privilégiés de rencontres et d’écoute pour les parents comme pour les enfants. Je les vois fonctionner et ça marche !

  •  La ville de Nancy, par le Dispositif de Réussite Éducative accompagne les enfants de 2 à 16 ans et leur propose des parcours personnalisés : L’action « parentalité » du DRE vise à obtenir la confiance des parents, à les sécuriser, leur permet d’exprimer leurs difficultés et d’y apporter des réponses rapides. L’aide apportée à un parent se répercute positivement sur l’enfant en termes de progression scolaire, d’investissement en classe, de re-motivation et d’envie d’apprendre.
  • Autres actions qui répondent à Article 24 : Les goûters des parents organisés au sein des structures d’accueil petite enfance dont l’objectif est de débattre et d’échanger sur des thèmes en lien avec la santé et le bien être – par exemple l’apprentissage de la propreté,  sommeil de l’enfant, l’alimentation du jeune enfant…
  • La commune favorise l’intégration en « milieu ordinaire » des enfants en situation de handicap ; elle a équipé le parc de la Pépinière – le plus grand parc public de la ville –  d’aires de jeux avec balançoires et parcours sensoriels adaptés à ces enfants.
  • Organisation  de « Tout-petits en mode actif »  avec le service des Sports et d’étudiants issus des filières sportives. Des séances d’orientation spatiale et d’éducation motrice sont réalisées auprès des enfants âgés de 18 mois à 3 ans au sein des différents lieux d’accueil petite enfance et des parcs municipaux.
  • Des semaines dédiées à la petite enfance et à l’enfance : actions proposées et imaginées par l’ensemble des équipes pédagogiques qui œuvrent tout au long de l’année dans le domaine de la petite enfance. J’ai souvenir d’un travail magnifique lors des 25 ans des Droits de l’enfant réalisé par la crèche Wunschendorf (une des mes structures préférée, cela dit) .

Danièle SOMMELET, Professeur émérite de Pédiatrie Université de Lorraine, est une personnalité reconnue de notre belle cité a signé cette allocution  LA RATIFICATION DE LA CONVENTION INTERNATIONALE DES DROITS DE L’ENFANT PAR LA FRANCE EST-ELLE ASSOCIÉE À UNE STRATÉGIE NATIONALE DE LA SANTÉ RÉPONDANT À SES BESOINS ET À SES DROITS ? p103 où elle pose une grande question : Peut-on espérer un jour, voir l’État assurer ses responsabilités autour du développement et de l’épanouissement de l’enfant et de l’adolescent, en évitant de l’enfermer dans un puzzle d’acteurs et d’actions ?

Que préconise l’UNICEF ?

Actuellement, l’enfant ne peut rien faire sans autorisation parentale, l’UNICEF recommande qu’il puisse, de façon autonome, consulter seul un médecin qui serait lui-même formé à l’écoute particulière que demande une victime de violences.

Un autre grand pas en avant serait que la France renonce au « droit de correction ». I have a dream..

Sources : Intégralité du rapport : ICI  (1)  Liste des contributeurs : Dominique  Attias – Geneviève Avenard – Claire Brisset – Marie Derain – Antoine Dulin – Edouard  Durand  – Michel Fize – Magali Lafourcade – Elisabeth Laithier – Julien Lauprêtre – Marie-Paule Martin-Blachais – Edith Maruéjouls – Philippe Meirieu – Laurent Ott – Olivier Peyroux – David Pioli – Fabienne Quiriau – Claude Roméo – Muriel Salmona – Catherine Sellenet – Danièle Sommelet – Stéphane Troussel – Dominique Versini – André Vingt-Trois (2) elle anime un blog sur ce sujet stop aux violences familiales, conjugales et sexuelles (3) Ancienne professeur de lettres classiques,  Présidente de l’Association pour la Promotion des Actions Médico-Sociales Précoces de Lorraine. Présidente du groupe de travail petite enfance à association des maires de France (AMF)

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Apprentie-sage, à la fois frivole et mystique, lègère et spirituelle , gourmande et orthorexique, férue de nutrition, en recherche de sagesse

2 Comments

  1. Non les enfants ne peuvent pas attendre… Il y a bien trop de maltraitance ou autres formes de violences dans les familles. Merci pour ton article qui rejoint totalement mes préoccupations…Comment peut-on encore se considérer comme le pays des droits de l’homme avec tout ce qui se passe en ce moment chez nous ? Tous ces enfants qui n’ont pas de logement décent ou de nourriture suffisante, ou d’amour…alors qu’il est prouvé que si les besoins élémentaires ne sont pas satisfaits un enfant ne peut pas être réceptif en classe…

    1. Manou, comme tu as raison de t’indigner.. je suis scandalisée de ce rappel à l’ordre de notre pays par l’UNICEF. 2 enfants meurent chaque jour sous les coups ! vite que la France renonce au « droit de correction » pour commencer !

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