Les livres publiés parlant des relations américano-vietnamiennes sont nombreux. Mais pointer la lorgnette sur les épouses et femmes expatriées pour suivre leurs époux, diplomates ou militaires et sur cette diaspora est plus rare. Et cette couverture magnifique ?

Nous sommes en 1963. Récemment arrivée à Saïgon, Patricia et Peter avocat talentueux et méritant, jeunes mariés, sont invités à sa première garden-party où elle va rencontrer la charismatique Charlène, mère de trois enfants dont la petite Rainey, alors âgée de 7 ans.
Elle embarque Patricia est embarquée, presque à son corps défendant, dans un tourbillon d’œuvres caritatives, diner et cocktail.. Elle n’est pas très à l’aise dans cette vie d’expatriées futile et remplie de compromis qui mettent à mal ses valeurs. Et cerise sur le cupcake, elle ne parvient pas à être enceinte.
Soixante ans plus tard, Patricia, désormais veuve, raconte à Rainey cette période si particulière de sa vie dans une longue lettre. Nous allons naviguer entre deux temporalités. Elle relit cette tranche de vie de sa jeunesse à la lumière de ses 80 ans et de l’époque. Cherche-t-elle le/son pardon ? Charlène était-elle une belle personne ?
Rainey lui répondra dans la seconde partie.
L’auteure campe merveilleusement bien les deux personnalités de Charlène et Patricia. Tout ou presque les oppose mais il y a fascination mutuelle.
Il est aussi question de conditions féminines, machisme, politique, infertilité, adoption, trafic d’enfants, sens de la vie, rapport entre l’occupant et l’occupé… C’est très riche et émouvant.
J’ai beaucoup aimé ce précepte du « Tikkoun olam », vieux midrash qui nous encourage tous d’un peu « réparer le monde ».
J’ai adoré ces deux très beaux portraits de femmes. Les personnages secondaires sont aussi très finement mis en valeur, tous très attachants. (Dominic le GI, les religieuses de la léproserie, Lily, Minh Linh..). La réalité de cette époque seventies est très bien racontée.
L’écriture est très belle. Il y a des touches de suspense, de glamour aussi.
J’ai beaucoup aimé ce magnifique roman épistolaire d’introspection. Je vous le conseille.
Absolution de Alice McDermott
352 p – 2024 – Éditions de La Table Ronde
Pour le côté roman épistolaire.
tu l’as lu ?