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Johann Wolfgang von Goethe et la politique (2)

Johann Wolfgang von Goethe et la politique (2)

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Johann Wolfgang von Goethe fut un homme à la recherche de l’idéal féminin, comme nous l’avons vu dans les précédentes chroniques. A trente-huit ans, il le rencontre peut-être.  A son retour d’Italie, le 18 juin 1788, il abandonne toutes charges politiques et administratives et devient directeur du théâtre de Weimar et conservateur.

Goethe et Christiane Vulpius

Il a trente-huit ans lorsqu’il la rencontre, elle, vingt-trois. Elle lui inspira les 24 Élégies romaines, œuvre très libertine. Ils devinrent amants presque du jour au lendemain. S’ensuivirent dix-huit ans d’union libre, dix ans de vie conjugale. Weimar s’en scandalisa : en installant sa maîtresse chez lui, officiellement en tant que gouvernante, sans être unis par les liens du mariage, il bravait la religion et la loi. Ses contemporains la traitèrent de « petite créature » et Robert Musil plus tard la qualifiera de « la célèbre partenaire sexuelle de l’olympien vieillissant ». Notons que la mère de Goethe, elle, approuva le choix de son fils.

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Goethe surnommait son amante Erotikon, pour ses amis. Cependant, il la tint éloignée de sa vie publique. Elle lui donna un fils August – en l’honneur du Duc – le 25 décembre 1789. Mais, Christiane garda sa position ancillaire. Goethe ne se soucia jamais de l’initier à l’art et à la poésie, ne l’associa jamais à ses travaux. On raconte qu’à un ami qui le consultait sur l’éducation à donner à ses filles, Goethe répondit : « Rien d’autre que la tenue du ménage. Fais-en de bonnes cuisinières, ce sera le mieux pour leurs futurs maris ». Plutôt très machiste, pas du tout d’avant-garde !  Il l’épousa le 19 octobre 1806, le lendemain qu’elle l’eut sauvé en résistant physiquement aux soldats français qui pillèrent Weimar après la double victoire d’Iéna et d’Auerstedt. Paradoxalement, il va se tenir éloigné d’elle, arguant qu’ il lui faut être seul pour écrire. En 1816, malade, Christiane meurt. Alléguant un catarrhe, Goethe ne se rendra pas une seule fois à son chevet. Le spectacle de la maladie et de la mort lui faisait-il trop peur ?

Goethe et la  campagne de France

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La bataille de Valmy. le 20 septembre 1792, peinture d’Horace Vernet, 1826.

La Révolution française l’entraîne dans la campagne de France. En 1792, Goethe accompagna le duc de Saxe-Weimar dans la campagne de Valmy où une armée de sans-culottes mit en échec les troupes prussiennes affaiblies par la dysenterie et la famine. Le soir de la bataille, devant la bonne contenance de l’armée française, le camp prussien s’alarme ; A ses compagnons qui lui demandent ce qu’il pense de cette tournure, il répondit : « De ce lieu et de ce jour date une nouvelle époque dans l’histoire du monde, et vous pourrez dire : J’y étais. » Ce mot solennel figure aujourd’hui dans tous les livres d’histoire, l’a-t-il réellement prononcé ?

Goethe suivit la retraite de l’armée prussienne jusqu’à Trèves, avant de retourner à Weimar.

Avec son œuvre «la Campagne de France »- écrite trente ans plus tard- Goethe fut beaucoup critiqué par la jeune génération de «Jünges Deutchland » qui souhaite plus d’engagements. D’ailleurs pendant de longs passages, Goethe ne parle pas des événements historiques mais de son étude de la nature, de minéralogie et la théorie des couleurs.. En tout état de cause, Goethe s’est opposé à la Révolution, ce qui n’implique pas qu’il était un partisan de l’Ancien Régime. Il voyait les racines  de la Révolution dans la décadence des dirigeants aristocrates. Il a clairement reconnu la corruption de la cour française, de l’aristocratie et du clergé. L’implication de la reine dans un scandale de corruption de grande envergure dévoilé quatre ans avant la Révolution l’avait choqué.

Goethe pour les réformes sans révolution

Son credo politique serait : Les réformes plutôt que la révolution. De par son caractère, Goethe rejette tout ce qui est brutal et violent. Sa conception de l »évolution du monde repose sur des changements obtenus grâce à un lent processus .«Je hais les bouleversements violents, dira-t-il plus tard à Eckermann ( 1825), parce qu’on détruit par là autant que l’on gagne ; je hais ceux qui les accomplissent, aussi bien que ceux qui les rendent inévitables » ; « Je le répète, tout ce qui est violent et précipité me répugne dans l’âme, car cela n’est pas conforme à la nature. »

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Portrait de Goethe / Portrait de Johann Peter Eckermann

 L’année 1794 marque la rencontre fondamentale avec Schiller  et sa collaboration à la revue Les Heures.

Goethe rencontre Napoléon

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Napoleon’s meeting with Goethe at Erfurt. Photogravure from a painting by Eugène Ernest Hillemacher -1808

En 1808, il rencontre Napoléon aux fêtes d’Erfurt, congrès où l’Empereur cherchait à confirmer l’alliance avec le star de Russie Alexandre 1er. Les deux hommes se vouèrent une mutuelle admiration. Napoléon ayant dit avoir lu sept fois Werther, ce fut une belle entrée en matière !

Dans  Mélanges, en 1863, Wolfgang relate ainsi la rencontre : « L’empereur me fait signe d’approcher. – Je reste debout devant lui à une distance convenable. – Après m’avoir considéré un moment, il me dit : “Vous êtes un homme.” Je m’incline. » Suite à cette rencontre, il le décore de  la légion d’honneur. L’empereur l’a même gratifié de « Voltaire de l’Allemagne ». Goethe n’est pas en reste : après le « lui, ce résumé du monde !», il ajoutera en 1822 « C’était là un homme, que nous ne pouvons, bien entendu, égaler ».

Bibliographie: Christiane et Goethe , une recherche de Sigrid Damm- GEMGEMBRE Gérard: revue du souvenir napoléonien

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Apprentie-sage, à la fois frivole et mystique, lègère et spirituelle , gourmande et orthorexique, férue de nutrition, en recherche de sagesse

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